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L’émergence des étudiants « dérangés » au sein des universités : la Mad Students Society

Lucy Costa

Lucy Costa est étudiante à temps partiel en baccalauréat ès arts à l’Université York. Co-fondatrice de la Mad Students Society et activiste au sein de la communauté des survivants psychiatriques, elle œuvre à temps plein comme porte-parole dans un établissement psychiatrique où elle est chargée des relations communautaires, de l’éducation et de la défense des droits des patients.

Détails

Les étudiants de niveau postsecondaire qui ont vécu des expériences relatives à la santé mentale peuvent se retrouver seuls et isolés, en raison d’un manque de ressources et de soutien au sein de l’environnement universitaire, ou parce que la portée de ces ressources est limitée et que le modèle biomédical est favorisé. On parle souvent des étudiants « dérangés » de façon indirecte, dans les collèges et les universités, mais on les reconnaît rarement comme étant des facteurs pertinents lors de l’élaboration du matériel didactique ou de la pédagogie critique.

Pendant cette présentation, on discutera de l’importance de participer à l’élaboration des programmes d’enseignement; de la manière d’assurer la liaison entre les jeunes étudiants « dérangés », les activistes d’expérience et le « mouvement des survivants psychiatrisés »; de la refonte des discussions et du langage en classe afin qu’ils deviennent plus inclusifs à l’égard des étudiants « dérangés », malgré leur différence identitaire

Rapport

« Bonjour, je suis une personne cinglée ! » Ainsi se présente Lucy Costa, dont l’exposé porte sur la Mad Students Society (MSS), sur les préoccupations des membres de cette dernière ainsi que sur l’émergence de la maladie mentale — que la conférencière nomme « folie » — en milieu scolaire.

Madame Costa explique que les membres de la collectivité des personnes ayant des troubles psychiques s’identifient à différentes appellations. À l’exemple des gais et lesbiennes qui, en tant que groupe, se sont appropriés le mot « queer », les personnes ayant des troubles psychiques se désignent comme « folles », « cinglées » ou « démentes ». D’autres membres de cette collectivité se présentent comme des « personnes ayant un vécu psychiatrique » ou des « personnes ayant été en établissement psychiatrique ». D’autres encore adoptent des désignations plus courantes, comme « malades mentaux ». D’aucuns croient que le recours à des expressions non conventionnelles aide l’entourage à comprendre que les personnes ayant des troubles psychiques ne s’identifient pas toutes au diagnostic qu’elles reçoivent et que certaines d’entre elles ne veulent pas être « guéries ».

La MSS travaille à l’habilitation, au soutien et à la mobilisation des étudiants dont le parcours a croisé ou croisera celui du système de soins psychiatriques. Les membres échangent leurs expériences et relatent la riche histoire de la collectivité des personnes ayant des troubles psychiques. De plus, la MSS s’affaire à reconnaître les obstacles, à lutter contre la discrimination institutionnelle, à promouvoir le soutien par les pairs et à favoriser l’autonomie sociale.

Par-dessus tout, selon Madame Costa, la MSS offre une solution de rechange aux conceptions biologiques et médicales de la maladie mentale. Bien que les membres aient l’occasion d’échanger à propos des diagnostics qu’ils reçoivent, la MSS insiste sur la création d’un espace où trouver des modes d’expression de l’expérience personnelle, au delà de la perspective biomédicale classique.

Madame Costa décrit certains enjeux auxquels se heurtent les étudiants ayant des troubles psychiques. Ces derniers doivent composer avec l’absence de normes cohérentes en matière d’aménagements, d’un collège ou d’une université à l’autre. Par ailleurs, les fournisseurs de services aux handicapés ont tendance à confondre counselling et prestation de conseils en matière de droits. La conférencière croit que des bureaux distincts devraient être établis, car les étudiants qui réclament des aménagements ou sont victimes de discrimination en milieu scolaire n’ont pas nécessairement besoin de counselling ou ne veulent pas nécessairement recevoir ce service. N’étant visés par aucune réglementation, et n’étant donc nullement tenus de proposer des aménagements, les établissements privés — écoles de commerce et autres — posent un problème particulier, estime Madame Costa.

Les débats en classe suscitent également des préoccupations, car « s’ils ne peuvent abuser de qui que ce soit en véhiculant des propos racistes, les professeurs et étudiants peuvent faire la pluie et le beau temps en tenant un discours sectaire à propos des déficiences psychiques », affirme Madame Costa. S’ils sont témoins ou victimes de commentaires discriminatoires, les étudiants ayant des troubles psychiques doivent choisir entre le silence ou la prise de parole systématique, au risque d’être perçus comme « des radicaux gauchistes ». En outre, croit la conférencière, les programmes d’études qui abordent les questions de santé mentale sont mis au point sans aucune consultation avec la collectivité des personnes ayant des troubles psychiques.

Madame Costa propose des pistes de solution, notamment la formulation de normes de pratique cohérentes, d’une université ou d’un collège à l’autre, en ce qui touche les déficiences psychiques ainsi que l’octroi d’un rôle aux étudiants au regard de la conduite des évaluations. Les débats en classe devraient n’exclure personne, et les enseignants devraient éviter de supposer que tous souscrivent à la perspective biomédicale. Le counselling et la prestation de conseils relatifs aux droits devraient constituer des fonctions distinctes, et on devrait veiller à dispenser chaque année une formation portant sur les droits de la personne.

Madame Costa incite les délégués à passer le mot au sujet de la MSS. Les étudiants ayant des troubles psychiques peuvent contribuer en assistant aux événements qui soulignent la « fierté de la folie », en posant des affiches, en partageant leurs expériences et leur vécu ainsi qu’en s’informant à propos de leurs droits. Avant tout, « abolissons le culte de la santé mentale », exhorte la conférencière.



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