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Ni batailles ni excuses : l’inclusion dans la programmation des activités parascolaires sociales et sportives des universités

Photo de Erica Tanny

Erica Tanny

Erica Tanny est diplômée de l’Université McGill en travail social. Elle participera au programme conjoint menant au LLB-JD (américain-canadien) de l’Université d’Ottawa, en septembre 2008. Comme première étudiante handicapée membre d’une équipe de sport universitaire de l'histoire de l’Université McGill, Erica a nagé et franchi toute les barrières contre l’égalité et a participé aux essais pour Pekin 2008.

Détails

Dans le milieu universitaire, la programmation des sports et des loisirs représente un aspect clé de l’enseignement supérieur. Toutefois, l’inclusion, au sein des activités sociales et sportives menées par l’université, peut poser des défis uniques pour les étudiants handicapés.

Erica a passé trois années dans l’équipe universitaire de natation et elle est aujourd’hui une nageuse paralympique de niveau national. Dans le cadre de cette présentation, elle partagera ses expériences et quelques-unes des nombreuses techniques qu’elle a mises de l’avant pour s’intégrer à la programmation sociale et sportive de l’université. Cette présentation permettra de sensibiliser les étudiants handicapés à l’étendue de leurs possibilités et de rappeler aux éducateurs l’importance d'assurer l’accessibilité des activités parascolaires.

Rapport

Erica Tanny aborde la question de l’inclusion sociale dans les programmes parascolaires des universités, notamment les activités sociales ou sportives qu’organisent les établissements ou les collectivités qui s’y greffent.

Aujourd’hui une nageuse paralympique de calibre national, Madame Tanny a fait partie pendant trois ans de l’équipe de natation de l’Université McGill. À son avis, les sports procurent d’incroyables bienfaits aux personnes qui les pratiquent. Sur le plan physique, ils contribuent à améliorer la force et la souplesse du corps. En outre, ils favorisent le développement des aptitudes mentales et intellectuelles. Par exemple, au moment de subir l’examen d’admission à la Faculté de droit (LSAT), et alors que d’autres étudiants paniquaient à l’idée de devoir répondre aux questions selon un horaire très structuré, la conférencière a eu la réflexion suivante : « Cinq minutes ? Il ne m’en faudrait pas plus pour faire 50 longueurs de piscine ! »

Cela dit, le principal avantage du sport a trait au perfectionnement des aptitudes psychosociales découlant d’interactions avec autrui. Pour bon nombre de personnes handicapées, l’université constitue le premier endroit où il devient possible d’évoluer sans qu’un préposé adulte s’interpose entre soi et le reste de la population. Le sentiment d’autonomie qui en résulte risque d’être « écrasant », avertit Madame Tanny. L’université n’en constitue pas moins un milieu de choix pour tirer parti d’une telle autonomie et commencer à établir des rapports sociaux positifs avec les étudiants non handicapés.

La participation aux activités parascolaires s’accompagne aussi de défis particuliers. Par rapport aux activités scolaires — pour lesquelles les bureaux des services aux handicapés sur les campus agissent souvent comme intermédiaires —, les activités parascolaires sont régies par des normes d’interaction sociale complètement différentes. D’expliquer Madame Tanny, « dans les milieux sociaux, nul n’est tenu de devenir votre ami ou de vous donner l’occasion de participer ».

Madame Tanny explique que l’un des éléments du modèle médical prévoit de « soustraire la personne handicapée de ses obligations sociales », de sorte qu’elle n’est ni censée prendre part aux mondanités, ni tenue de le faire. Cet élément a des retombées sur les politiques et contribue à nuire à la participation des handicapés.

Au cours de sa semaine d’initiation, alors que devait se dérouler une activité de descente en eau vive, Madame Tanny a demandé si des aménagements étaient prévus pour les étudiants en fauteuil roulant. Les organisateurs ont répondu qu’ils n’avaient pas cru que ces étudiants pourraient ou voudraient participer. « Ainsi naît un cercle vicieux », affirme la conférencière. D’une part, les personnes handicapées supposent que les activités ne seront pas accessibles et ne tentent pas de participer. D’autre part, les organisateurs n’ont jamais à traiter avec les personnes handicapées, de sorte qu’ils ne songent pas à tenir compte de l’accessibilité lors de la conception des activités.

« Permettez-moi de vous offrir un peu d’espoir », propose Madame Tanny, qui décrit les étapes qu’elle a suivies pour réussir à vivre une expérience positive. La première étape consiste à cultiver une conscience de ses propres barrières et limites. Un jour, lors d’un voyage de formation en Afrique du Sud, la conférencière a découvert que la distance séparant le centre de formation de la piscine correspondait à la longueur de cinq terrains de soccer. Elle a donc conclu un marché avec l’un des membres de son équipe : il la porterait sur ses épaules chaque jour, et elle le dispenserait de la séance obligatoire de pompes avant la natation. Ainsi, l’aménagement requis par Madame Tanny s’est transformé en saine concurrence et en interaction sociale positive. Il reviendra cependant aux intéressés de déterminer eux-mêmes les aménagements qui leur paraissent acceptables ou inacceptables.

Par ailleurs, les gens ont besoin d’objectifs clairs. Madame Tanny s’est tournée vers la natation par désir de s’amuser plutôt que de devenir une militante des droits des handicapés, prête à contester les idées reçues de son établissement d’enseignement à propos des athlètes universitaires. « Tout le reste est accessoire », précise la conférencière. Sans jamais s’excuser de réclamer des aménagements raisonnables, les étudiants devraient néanmoins choisir avec soin les batailles qu’ils acceptent de livrer. Pour sa part, Madame Tanny s’attaque sans retenue aux obstacles structurels ou implicites qu’imposent les politiques universitaires. À son avis, il est tout à fait inexcusable que des immeubles sportifs ne soient pas accessibles aux personnes handicapées.

Cela dit, les obstacles sociaux supposent une démarche fondée sur la négociation. « Il n’y a aucune honte à refuser de livrer bataille ou à reconnaître qu’il pourrait être inefficace d’imposer une solution pour satisfaire à ses propres besoins », explique l’oratrice.

Madame Tanny avance que les aménagements en milieu scolaire pourraient être reproduits dans le cadre d’activités sociales ou sportives. Par exemple, il y aurait moyen de jumeler, d’une part, des étudiants que les interactions sociales indisposent et, d’autre part, des étudiants handicapés qui ont besoin d’aide pour pouvoir participer. La conférencière met les délégués au défi de réfléchir au parallèle à tracer entre son exposé et leurs propres expériences et déficiences.



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