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Ateliers - Améliorer les opportunités dans les domaines reliés aux sciences et à la technologie

Personnes handicapées dans les domaines des sciences et de la technologie : résultats périodiques de la recherche

Jessica Cowan-Dewar

Jessica Cowan-Dewar détient une maîtrise en sciences de l’École d’hygiène publique et de médecine tropicale de l’Université de Londres et travaille actuellement à l’obtention de son doctorat à l’Université Queen, de Kingston. Ses recherches portent essentiellement sur la violence fondée sur le sexe et le VIH/SIDA, en Afrique du Sud. Elle a assumé différents postes communautaires, en action sociale, défense des droits, recherche et éducation. Jessica a également travaillé comme consultante pour la Fondation canadienne des bourses de mérite, pour l’Université Queen et pour l’Institut de la santé publique et des populations (ISPP) de l’Université Queens. Elle s’est jointe à NEADS en juillet dernier, à titre de consultante/chercheuse pour le projet de science et de technologie.

Détails

L’Association nationale des étudiant-e-s handicapé-e-s au niveau postsecondaire (NEADS) a récemment mis sur pied un projet de deux ans, financé par la Fondation Pétrolière Impériale, dont l’objectif est d’examiner la participation des personnes handicapées dans les domaines des sciences et de la technologie. La méthodologie du projet, développée dans le but d’identifier les enjeux et les défis auxquels font face les étudiants et les employés des secteurs des sciences et de la technologie, comprend une révision de la documentation, une exploration environnementale et des entrevues avec les principaux sujets interrogés. Les conclusions de chacun d’eux, de même que le nouveau guide, intitulé : « La promotion de carrières dans les domaines de la science et de la technologie auprès des étudiants et des nouveaux diplômés handicapés : exemples à suivre, pratiques exemplaires et ressources », seront commentés pendant la discussion.

Rapport

Jessica Cowan-Dewar travaille comme consultante au projet en sciences et technologies que parraine NEADS (La promotion de carrières dans les domaines de la science et de la technologie auprès des étudiants et des nouveaux diplômés handicapés : exemples à suivre, pratiques d’excellence et ressources) avec le soutien financier de la Fondation Pétrolière Impériale. Elle se dit ravie de faire part à l’auditoire des connaissances acquises au sujet de la participation des personnes handicapées dans le domaine des sciences et de la technologie. Elle décrit le projet, qui prévoit la conduite d’une analyse documentaire et d’une analyse de l’environnement ainsi que la réalisation d’entrevues auprès d’informateurs-clés.

Madame Cowan-Dewar a fait porter l’analyse documentaire sur les domaines précis que sont les mathématiques, la chimie, la physique, les sciences de l’environnement, la géologie, la technologie de l’information et le génie. Les ouvrages traitant des sciences de la vie ou des sciences biologiques ont été ignorés. La conférencière a examiné les principaux articles et documents tirés de bases de données relatives aux domaines de l’éducation et des sciences et technologies. Pour trouver les ouvrages non publiés, elle a eu recours aux moteurs de recherche Google et Google Scholar. Le site Web de l’American Chemical Society a également constitué une précieuse ressource.

Pour effectuer l’analyse documentaire — axée davantage sur les statistiques que sur les sources documentaires —, Madame Cowan-Dewar a fait des fouilles sur Internet. Elle a aussi joint des organismes, des sociétés et des fournisseurs de services aux handicapés. Enfin, elle a soumis des demandes de renseignements par le biais de serveurs de liste, retracé et joint des intervenants-clés ainsi qu’organisé des rencontres personnelles avec les acteurs concernés.

Madame Cowan-Dewar présente un résumé des faits saillants et des thèmes courants qui se dégagent jusqu’à présent de la recherche :

  • La sous-représentation des personnes handicapées dans les domaines des sciences, de la technologie, du génie et des mathématiques s’observe à la fois en milieu scolaire et sur le marché du travail.
  • Les barrières psychologiques ont été au cœur du phénomène de sous-représentation des personnes handicapées en sciences et technologies, et leur effet se fait encore sentir aujourd’hui. Selon Chemists with Disabilities (CWD), dans les secteurs liés à la chimie, le principal obstacle a trait aux attitudes, notamment celles des employeurs qui se montrent réticents à embaucher des candidats atteints de déficiences.
  • Plus que d’autre pays, les États-Unis financent des études portant sur la représentation des personnes handicapées en sciences et technologies, et ces études s’attardent le plus souvent à la situation qui prévaut dans cette région du monde. L’écart entre les ouvrages et les programmes étasuniens et canadiens est saisissant, tout comme la différence entre le nombre d’organismes et de sociétés qui, dans chaque pays, disposent de programmes, de stratégies ou de mandats étoffés visant les personnes handicapées. Aux États-Unis, les programmes en question relèvent autant du secteur public que du secteur privé.
  • En matière d’enseignement coopératif, les possibilités de stages qui s’offrent aux personnes handicapées sont jugées d’une grande valeur et d’une importance capitale. Madame Cowan-Dewar ajoute que, quelle que soit leur forme, les stages stimulent l’assurance des participants ainsi que l’estime personnelle qu’ils se portent. En outre, ils créent des milieux propices à la défense des intérêts et à l’éclosion de relations fondées sur l’encadrement. La conférencière donne l’exemple d’ENTRY POINT!, un remarquable programme de stages coopératifs que parraine l’American Association for the Advancement of Science et qui compte de nombreux partenaires, y compris la National Aeronautics and Space Administration, la National Oceanic and Atmospheric Administration et le Naval Air Systems Command, les sociétés IBM, Merck, Google, Lockheed Martin, CVS Caremark, Pfizer et Infosys ainsi que divers laboratoires scientifiques universitaires.
  • Professeurs, enseignants et mentors officiels ou officieux jouent un rôle important comme promoteurs — ou au contraire détracteurs — de la participation des personnes handicapées. En plus d’offrir un précieux soutien, les mentors aident leurs protégés à surmonter les obstacles. En outre, ils servent de modèles aux étudiants tout en incitant ces derniers à persévérer dans l’avenue de leur choix.
  • Les études de cas et les histoires de réussite personnelle s’avèrent essentielles à la compréhension des principaux défis que doivent relever les personnes handicapées, lesquels sont passés sous silence dans les ouvrages universitaires. Madame Cowan-Dewar cite l’exemple de Roadmaps & Rampways, la toute première publication à détailler la vie et l’expérience des personnes handicapées, de la jeune enfance aux premières phases de la carrière. Il s’agit là d’un ouvrage « particulièrement éclairant », déclare la conférencière.

Les entrevues auprès des informateurs-clés sont en cours. À ce sujet, Madame Cowan-Dewar explique que les entretiens réalisés jusqu’à présent ont mis en scène des étudiants et des diplômés (ayant ou non un emploi), des fournisseurs de services aux handicapés, des professeurs, des enseignants et des employeurs. Si tout se déroule comme prévu, la conférencière aura, au terme de cette dernière phase du projet, interviewé un total de 30 informateurs provenant de toutes les provinces et de tous les territoires du Canada.

Madame Cowan-Dewar expose les principaux résultats préliminaires de la recherche. Elle donne deux exemples extrêmes qui illustrent le constat voulant que les principaux obstacles aient trait à la stigmatisation, à l’ignorance et aux perceptions erronées concernant les aptitudes des personnes handicapées :

  • Le premier exemple provient d’une université canadienne qui a refusé à un étudiant en génie la possibilité de suivre un nombre réduit de cours. De nombreux intervenants, dont le doyen associé et l’agent d’aide scolaire, ont dit à l’étudiant qu’il ne pourrait jamais devenir ingénieur. On l’a même invité à « plier bagage et rentrer chez lui » ! Deux fois plutôt qu’une, l’étudiant a interjeté appel de la décision. Seule la menace d’une plainte relative aux droits de la personne a convaincu l’université de consentir à des aménagements. Le deuxième exemple met en cause un candidat à un emploi au sein d’une société du secteur de la technologie. Atteint d’une déficience visuelle, le candidat a appris, lors de la troisième ronde d’entrevues, qu’il ne serait pas retenu en raison de l’investissement excessif — en temps et en argent — exigé de l’employeur pour offrir les aménagements nécessaires à l’exercice de sa fonction.
  • D’autres entrevues ont mis en lumière, d’une part, le malaise que suscite, chez certains enseignants et étudiants, la présence de personnes handicapées en classe et, d’autre part, la méconnaissance des capacités et aptitudes des personnes handicapées ainsi que l’absence généralisée de soutien avec laquelle doivent composer ces dernières tout au long de leurs études.

Un autre thème courant concerne la pertinence et le moment de la déclaration d’une déficience lors d’une entrevue d’emploi. Parmi les obstacles physiques que doivent surmonter les personnes handicapées, Madame Cowan-Dewar souligne l’inaccessibilité des salles de classe et des lieux de travail, l’inaccessibilité des industries et, plus particulièrement, l’inaccessibilité des laboratoires scientifiques.

Priés de proposer des mesures de soutien et des services pouvant contribuer à une meilleure représentation des personnes handicapées, les informateurs-clés ont préconisé la création de liens entre employeurs et employés, la prestation possible de stages rémunérés, la multiplication des occasions d’emploi en sciences et technologies, le déploiement de campagnes publicitaires et de campagnes d’information aux fins de sensibilisation ainsi que le recrutement énergique de personnes handicapées par les établissements scolaires et les industries.

D’un commun accord, les personnes interviewées ont insisté sur la valeur des programmes structurés et non structurés de mentorat. En outre, elles ont recommandé la mise à l’avant-scène des modèles en sciences et technologies auxquels pourraient s’identifier les personnes handicapées. Madame Cowan-Dewar précise que l’objectif ultime de son travail consiste à mettre au point et à publier un guide de ressources intitulé La promotion de carrières dans les domaines de la science et de la technologie auprès des étudiants et des nouveaux diplômés handicapés : exemples à suivre, pratiques d’excellence et ressources.

Produit en français et en anglais, le guide de ressources sera offert sur différents supports : disque CD-ROM, vidéodisque numérique, réseaux en direct, support papier et médias substituts. On y trouvera des listes de ressources, des liens menant à des sites Web, les noms d’intervenants-clés, un ensemble de pratiques d’excellence relatives à l’emploi dans le secteur des sciences et de la technologie ainsi que bon nombre d’histoires de réussite et de récits d’expériences personnelles.

Pour conclure son exposé, Madame Cowan-Dewar insiste sur deux messages particuliers. Tout d’abord, bien que le Canada tarde à assurer une représentation des personnes handicapées dans le secteur des sciences et de la technologie — ce qui alimente une certaine frustration —, il existe des programmes efficaces et bien établis sur lesquels appuyer les efforts à venir. Ensuite, on n’insistera jamais trop sur la valeur des relations de mentorat et des programmes de stages bien structurés.



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