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Ateliers - Améliorer les opportunités dans les domaines reliés aux sciences et à la technologie

Opportunités et ouverture d’esprit : commentaires spontanés du droit à la permanence

Photo de Dr. Kathryn Woodcock

Dr. Kathryn Woodcock, P.Eng.

Dre Woodcock est professeure agrégée à l’Université Ryerson, où elle se concentre sur les facteurs humains et l’ergonomie. Ses recherches portent sur l’application des facteurs humains aux questions de sécurité publique et au travail, liées au rendement, à l’erreur, à l’enquête et à l’inspection. Elle s’intéresse également aux handicaps et à l’accessibilité. Elle dirige le laboratoire THRILL, destiné à la recherche et au développement d’applications de facteurs humains/ergonomie à la sécurité des manèges (www.ryerson.ca/thrill), de même qu’à la supervision des étudiants diplômés du programme d’études supérieures en génie mécanique. Elle a été nommé au Conseil des normes d’accessibilité de l’Ontario, où elle a pour mandat de contribuer à la mise en œuvre de la Loi sur l’accessibilité pour les personnes handicapées de l’Ontario (2005). Elle a publié sur livre sur la surdité et est la première présidente sourde de la Société canadienne de l’ouïe.

Détails

Entre les fausses promesses de beau temps à l’accessibilité des services, la tension entre les gens qui étaient considérés comme « meilleurs juges » et ceux qui ne voulaient pas savoir, les concessions et les compromis, la voie à suivre en ingénierie et dans le monde universitaire n’est pas des plus faciles, mais elle n’est pas insurmontable non plus. Dans cette présentation, la Dre Woodcock explorera certaines des difficultés rencontrées pendant ses études et dévoilera les mécanismes qui lui ont permis de faire face au stress. Elle partagera également ses espoirs pour la prochaine génération de personnes handicapées qui ont la volonté de poursuivre leurs études et de faire carrière dans les domaines des sciences, du génie et de la technologie

Rapport

Selon Kathryn Woodcock, si les personnes ayant une déficience auditive n’étaient pas sous-représentées dans le monde universitaire, le Canada ne compterait pas deux professeurs d’université atteints de surdité, mais bien 300 !

Ingénieure et professeure, Madame Woodcock a été nommée au Conseil consultatif des normes d’accessibilité de l’Ontario. De plus, elle est la première personne sourde à exercer la présidence de la Société canadienne de l’ouïe.

Madame Woodcock convie l’auditoire à un retour vers le passé, à l’époque où elle faisait ses études de premier cycle. Sa stratégie consistait alors à occuper un siège à l’avant de la classe et à lire sur les lèvres. Cette solution s’avérait plutôt problématique quand l’enseignant passait le plus clair de son temps à écrire au tableau. Ce n’est que plus tard que Madame Woodcock a compris que les enseignants donnaient des explications tout en maniant la craie. Voilà donc pourquoi ses notes étaient si mauvaises ! Du coup, la conférencière s’est crue bien peu intelligente ...

Madame Woodcock a souvenir d’un enseignant qui, bien qu’au courant de sa surdité, persistait à arpenter la classe de long en large tout en donnant son cours. L’étudiante parvenait à saisir son propos lorsqu’il s’avançait vers elle, mais pas lorsqu’il s’éloignait. Ainsi va la vie ! Ne pouvant compter sur l’appui d’aucun service aux handicapés et plongée dans une culture peu respectueuse des écarts d’aptitudes, Madame Woodcock devait faire son possible pour se débrouiller. « À l’époque », dit-elle, « il n’y avait d’autre choix que de se secouer ».

Une fois terminées les études de Madame Woodcock, sa candidature a été « imposée à une entreprise » qui lui confiait des tâches atroces, comme répondre au téléphone alors qu’elle ne pouvait saisir que les voyelles. En ces temps-là, les chances de trouver un emploi en génie étaient bien minces pour une femme, à plus forte raison handicapée ! Mais un heureux coup du sort a permis à la conférencière de se réorienter vers le domaine des soins de santé.

Madame Woodcock attribue son premier poste de direction en milieu hospitalier à la chance ainsi qu’à la ténacité qui sous-tend la culture des ingénieurs. Cette ténacité l’a aidée à s’attarder non pas à ses déficiences, mais bien à ses atouts : une pensée systématique et une bonne aptitude à écrire.

Madame Woodcock explique que sa première stratégie d’adaptation a été de « faire semblant », c’est-à-dire toujours se présenter sous son meilleur jour. En conséquence, la question de sa déficience auditive n’a jamais été abordée lors des entrevues. À son avis, les personnes se font des lectures différentes des étiquettes. Bien qu’il soit fondamental de déclarer ses déficiences, « la précipitation s’avère parfois fatale en cette matière », avertit la conférencière.

Tout en exerçant ses fonctions en milieu hospitalier, Madame Woodcock a fait des études de maîtrise à temps partiel, appris le langage gestuel et, plus tard, obtenu un doctorat. Mais, précise-t-elle, son parcours n’a pas toujours été ponctué « de moments de bonheur et d’entraide ». De nombreuses promesses d’accès sont restées lettre morte. Ainsi, les universités n’ont pas réussi à recruter les interprètes dont ils avaient accepté au préalable de payer les honoraires. Par ailleurs, les sociétés des sciences ont soit refusé de fournir des interprètes, soit fourni des interprètes en refusant de laisser la lumière allumée pour que la conférencière puisse les voir.

Ces événements ont poussé Madame Woodcock à formuler une deuxième stratégie d’adaptation : « Ne jamais se contenter d’un simple consentement ! » La conférencière exhorte les participants à veiller à ce que leurs besoins soient vraiment comblés et à toujours s’attendre au pire.

Les personnes intelligentes qui croient détenir le monopole de la vérité posent un autre défi. Dans le secteur des sciences et de la technologie, ces personnes sont à l’origine de la « technologisation » des méthodes d’accès ainsi que de l’élimination des intermédiaires humains. Pourtant, la communication ne résume pas au message ; elle englobe également la relation qui s’établit entre l’émetteur et le récepteur du message.

Sur un plan plus personnel, Madame Woodcock souligne l’importance que revêt l’enrichissement des rapports humains, pour elle qui est atteinte du syndrome d’Asperger. Parce que l’humain fait des suppositions erronées, il est essentiel de toujours énoncer ce que l’on veut — ou ne veut pas — et de toujours justifier ses choix. « Vous devez former les gens, même si telle n’était pas votre intention au départ », lance la conférencière. Cette règle vaut tout particulièrement pour les rapports avec les « spécialistes » de la surdité qui, sans être malentendants, statuent que les études sur la surdité devraient être l’apanage des sourds. Pour composer avec de telles gens, il existe un éventail de solutions qui vont des sanglots aux vertes dénonciations dans le courrier des lecteurs !

La troisième stratégie d’adaptation que préconise Madame Woodcock consiste à « choisir judicieusement ses batailles ».

Madame Woodcock offre une mise en garde aux délégués : le choix d’un secteur à forte demande ne comporte aucune garantie de décrocher un emploi. Une quatrième stratégie d’adaptation s’impose, soit « offrir quelque chose de spécial ». Les gestionnaires de niveau inférieur y trouveront le courage de « vanter leurs aptitudes auprès de leur patron ». La conférencière insiste également sur l’importance de se fixer des objectifs, quitte à les modifier au quotidien. À son avis, toute personne devrait avoir un objectif dont elle pourrait parler avec enthousiasme lors d’une entrevue.

Aux participants, Madame Woodcock fait valoir qu’à défaut de pouvoir se créer des occasions qui leur soient favorables, ils ont la possibilité d’empêcher que certains événements ne surviennent. « Vous devez être prêts à accueillir la chance », lance-t-elle. Notre parcours peut nous mener n’importe où, à condition de connaître la destination que l’on vise.



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