NEADS Conférence 2004 - Tout Droit!

Conférenciers

Jennifer Gillies

Biographie

Jennifer Gillies est étudiante à la maîtrise ès arts au Department of Recreation and Leisure Studies de l’Université de Waterloo. Elle entreprendra une deuxième maîtrise à l’automne au Deparment of Critical Disabilities Studies de l’Université York; Jennifer a également été bénévole dans diverses organisations communautaires et fait actuellement partie du Kitchener-Waterloo Barrier Free Advisory Committee, qui traite des questions d’accessibilité, d’inclusion et de sensibilisation à la déficience avec des administrations municipales, des organismes et des particuliers.

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Synopsis

Étudiant(e)s handicapés à l’université : La transition vers l’inclusion

Il existe assez d’études sur les questions relatives aux personnes handicapées. Il manque cependant d’études sur les étudiant(e)s universitaires handicapés et sur le processus de transition vers la vie universitaire. L’exposé présentera les constatations d’une étude qualitative de l’expérience de quatre étudiant(e)s handicapés de première année et de leur intégration dans la vie de campus d’une grande université canadienne du sud-ouest de l’Ontario. Les sujets traités seront notamment l’utilisation des services de soutien sur le campus, les loisirs possibles, le soutien des pairs, « la réalisation des objectifs » et « faire partie de la vie du campus ».

Rapport

Les étudiants handicapés sont reconnus comme un élément essentiel de la diversité de la communauté universitaire, fait remarquer Jennifer Gillies, étudiante à la maîtrise ès arts, Department of Recreation and Leisure Studies, Université de Waterloo. Des services spécialisés apportent un important soutien, tant scolaire que personnel, aux étudiants et les aident à créer des réseaux de contacts sociaux et à surmonter les obstacles. Cependant, il y a eu peu d'études sur l'adéquation entre ces services et les besoins des étudiants.

La transition de l'école secondaire à l'université est particulièrement difficile pour les étudiants handicapés, qui doivent parfois travailler plus fort que les autres étudiants et ont donc moins de temps à consacrer à leur vie sociale. C’est un souci car les activités récréatives et les loisirs peuvent aider à faire la transition avec l'université en renforçant les aptitudes personnelles et le sentiment d'inclusion.

Dans son étude, Gillies examine, sur le plan qualitatif, comment un petit groupe d'étudiants handicapés se sont intégrés à la vie d'une grande université du Sud-Ouest de l'Ontario. Elle s’est penchée sur la façon dont certains facteurs – comme le recours aux services offerts aux étudiants handicapés et la participation aux activités récréatives et aux loisirs – augmentent le sentiment d'inclusion dans la vie universitaire.

Deux questions clés ont orienté l'étude :

  • Comment les services universitaires contribuent-ils à la transition et à l'intégration des étudiants handicapés à la vie universitaire?
  • Quel rôle exercent les activités récréatives et les loisirs pour faciliter l'intégration dans la communauté universitaire?

Une lettre de présentation du projet d'étude avait été postée à environ 70 étudiants handicapés arrivés à l'université pendant l'année visée par l'étude. Quatre étudiantes, avec des handicaps différents, y ont répondu.

Un processus d'entrevue en deux étapes a été employé. Les questions de la première entrevue, menée au cours de la semaine d'inscription, portaient sur les activités réservées aux nouveaux étudiants, leurs conditions de logement, les possibilités récréatives et sociales dont les étudiantes comptaient profiter, les services qu'elles connaissaient et prévoyaient utiliser et les choses qu'elles avaient trouvées utiles pour la transition.

La seconde entrevue, six mois plus tard, visait à déterminer le progrès de l'intégration et faisait le suivi des questions posées à la première entrevue. Les étudiantes ont par exemple été interrogées sur les services auxquels elles avaient eu recours et les projets d'ordre social auxquels elles avaient donné suite. Le but visé était d'explorer la relation entre la fixation d'objectifs et leur atteinte.

Une analyse comparative de modèle a ensuite été effectuée pour catégoriser les expériences des personnes interviewées et a permis de dégager plusieurs schémas communs, notamment les schémas ou thèmes clés suivants :

  • Intégration à la vie du campus
  • Réalisation et adaptation des objectifs

L'Office for Persons with Disabilities de l'Université de Waterloo s'est avéré un soutien formel clé pour l'intégration à la vie du campus. Ce service était le point de convergence de l'intégration des étudiants dans le milieu universitaire. Il améliorait la communication et la compréhension entre étudiants et professeurs et offrait soutien et ressources. Toutefois, le recours à ce service et à d'autres soutiens formels entraînait parfois du stress et de l'anxiété, les étudiantes ayant le sentiment que certaines questions échappent à leur contrôle.

Les soutiens sociaux et informels comprenaient les activités de la semaine d'inscription, la résidence étudiante, les clubs et équipes et les loisirs. Les activités récréatives et les loisirs ont contribué à alléger le stress et à améliorer la santé, ce qui a aidé les étudiantes à atteindre leurs objectifs pour une transition heureuse.

L'étude a permis de constater que les personnes interviewées s’étaient, dans une large mesure, fixé des objectifs et les avaient atteints. Le manque de temps, d'argent et de capacité était restrictif. Les objectifs évoluaient à mesure que se faisait l'immersion des étudiantes dans la vie universitaire. Par exemple, une participante a fait remarquer qu'elle s’était fait assez d’amis et qu'elle n'avait pas dû fréquenter des clubs comme elle le prévoyait.

Les participantes estimaient que leur transition si elles arrivaient à surmonter les obstacles, à obtenir de bons résultats scolaires et à se faire des amis. Elles ont eu recours aux divers services offerts et ont fait état de compétence dans leurs aptitudes personnelles. À leur avis, elles travaillaient plus fort et plus longtemps que les autres étudiants, ce qui accroissait leur sentiment de manquer de temps, mais leur procurait également un sentiment d'auto-efficacité.

L'effet de l'auto-efficacité sur le comportement est un cadre explicatif élaboré par Albert Bandura, qui théorisait que les gens mesurent leur réussite en se rappelant leurs réalisations antérieures. Lorsqu'ils connaissent des succès, ils ont le sentiment d’avoir un niveau d'auto-efficacité plus élevé. Les gens dont l'auto-efficacité est élevée ont vraisemblablement une meilleure estime de soi et sont davantage en mesure de gérer diverses situations : ils maîtrisent mieux leur environnement mais aussi leur handicap. Les soutiens informels et formels y contribuent.

Le modèle des « soutiens et obstacles » de l'auto-efficacité indique que la disponibilité de soutiens influe positivement sur l'expérience d'auto-efficacité et, par la suite, sur la capacité d'intégration dans une communauté universitaire. Les obstacles comprennent notamment les contraintes de temps, le handicap, les difficultés de communication et le sentiment de dépendance et ils peuvent avoir un effet néfaste sur le sentiment d'auto-efficacité et restreindre la réussite scolaire et sociale.

La disponibilité des services de soutien est un facteur critique. Selon l'étude de Gillies, les étudiants utilisent les services de soutien pour surmonter les obstacles.

Les conclusions de l'étude indiquent que divers aspects de la vie universitaire – notamment les services de soutien, les possibilités de loisir et le soutien des pairs – contribuent à l'insertion réussie des participants dans la communauté universitaire. L'étude a montré que, pour les étudiants handicapés, l'inclusion passe par l'accès à des services spéciaux et par l'efficacité de ces services. Les étudiants qui ont accès à des services efficaces ont davantage confiance en eux-mêmes et sont mieux adaptés au milieu universitaire.