NEADS Conférence 2004 - Tout Droit!

Conférenciers

Marcia Rioux

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Biographie

Les recherches du professeur Marcia Rioux portent notamment sur la santé et les droits de la personne, l’éducation universelle, la surveillance internationale des droits des personnes handicapées, l’incidence de la mondialisation sur la politique de bien-être, la politique d’alphabétisation, la politique en matière d’invalidité et l’inclusion sociale. Le professeur Rioux a prononcé des conférences en Amérique, en Europe et en Inde. Elle a été conseillère de commissions fédérales et provinciales, de comités parlementaires, d’ONG internationaux et d’organismes de l’Organisation des Nations Unies. Elle détient un doctorat en jurisprudence et en politique sociale du Boalt Hall Law School à l’Université de Californie, Berkeley. À l’Université York, elle est la présidente du School of Health Policy and Management, directrice des études supérieures à la maîtrise (Critical Disability Studies) et directrice du York Centre of Health Studies.

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Synopsis

L’élaboration d’une Convention : Le travail de base pour enchâsser l’accès aux droits internationalement

Tout en étant protégées par les deux grandes Conventions des Nations Unies, les personnes handicapées n’ont pas bénéficié de l’attention spéciale que les Conventions ont accordée aux femmes, aux enfants et aux autochtones. L’ONU est maintenant en train d’élaborer une convention pour la protection et la promotion des droits et de la dignité des personnes handicapées. Cette histoire des personnes handicapées entendues à l’ONU vous sera présentée, incluant l’interaction importante de la défense de leurs intérêts et de la loi pour améliorer les vies des personnes handicapées.

Rapport

Un nouveau paradigme des droits de la personne est apparu en ce qui concerne les personnes handicapées, fait remarquer Marcia Rioux, directrice des études à la maîtrise (Critical Disability Studies), Université York. Les principes des droits de la personne comprennent l'égalité, l'auto-détermination et l'autonomie, l'inclusion, l'interdépendance et la solidarité, la dignité, la justice et la non-discrimination. Beaucoup de personnes handicapées au Canada n'ont pas reçu une éducation appropriée et continuent d'être exclues des écoles. La séparation implique toujours l'inégalité.

Rioux passe en revue les changements intervenus au cours des 40 dernières années. En 1948, la Déclaration universelle des droits de l'homme a été suivie d'un certain nombre d'initiatives nationales qui ont commencé à redéfinir la condition des personnes handicapées non plus en fonction de son aspect caritatif, mais en vue d'en comprendre les conséquences structurelles. L'Année internationale des personnes handicapées a été proclamée en 1991. En 1993, les Normes d'égalisation ont été adoptées et, en 1997, le Programme d'action mondial a fait l'objet d'un examen qui a forcé les gouvernements partout au monde à évaluer ce qu'ils avaient accompli relativement aux personnes handicapées dans leurs pays respectifs.

En 1999, la Région administrative spéciale de Hong Kong a organisé un séminaire interrégional et un symposium sur les normes internationales en matière de handicaps. Un congrès interaméricain sur l'élimination de toutes les formes de discrimination contre les personnes handicapées a également été tenu. Depuis 1948, de plus en plus, on considère les handicaps comme une question de droits de la personne – un question de justice sociale et d'oppression.

De 2000 à 2004, à la suite d’une d'événements auxquels a participé le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, on a soudain assisté à un basculement vers le paradigme des droits de la personne, au détriment du modèle médical. La connexion entre les pays est très forte et un changement fondamental s'est produit dans la façon dont les gens se voient au sein de leur société.

Rioux exhorte les participants à soutenir la Convention de l'ONU sur les droits des personnes handicapées. Elle cite Mary Robinson, Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme : « Les personnes handicapées vivent souvent dans des conditions déplorables, en raison de la présence d'obstacles physiques et sociaux qui empêchent leur intégration et leur pleine participation à la communauté. Des millions d'enfants et d'adultes partout au monde sont victimes de ségrégation et sont privés de leurs droits et, dans les faits, vivent en marge de la société. Cela est inacceptable. »

Avoir les droits pour objectif signifie que les services, les soutiens, les programmes et les affectations de fonds ne sont pas des fins en eux-mêmes, mais des moyens de réaliser l'intégration sociale et économique et d'affirmer les droits légaux et sociaux. Ce changement d'optique signifie également qu'il faut modifier les lois, les exigences d'admissibilité et les procédures d'octroi des bourses. Rioux lance un appel passionné : « C'est une révolution et c'est votre révolution! »

Rioux renvoie les participants aux Normes d'égalisation de 1994 de l'ONU, expliquant que le principe de l'égalité des droits suppose que les besoins de chaque personne sont d'égale importance, que ces besoins doivent être la base de la planification sociale et que toutes les ressources doivent être employées pour garantir que chaque particulier a une chance égale de participation. Qui plus est, les États-nations ont la responsabilité d'établir les fondements juridiques des mesures qui permettront de parvenir à la pleine participation et à l'égalité des personnes handicapées. Les États doivent assurer la participation des organismes de personnes handicapées à la formulation de la législation nationale et à l'évaluation continue.

Rioux fait valoir que, pour exercer ses droits dans la société, une personne doit être instruite. Tout cadre viable pour les droits de la personne reconnaît que le handicap est le résultat d'une situation sociale, juridique et économique, qu'un vaste éventail de facteurs contribue à l'exclusion et à l'érosion des droits de la personne, que le respect de la diversité contribue au mieux-être, que les gens doivent être soutenus dans l'exercice de leur droits et que les gens ont besoin d’avoir le sentiment que leur communauté et leur société sont équitables.

Rioux conclut son exposé sur une citation d'Albie Sachs, tirée de Protecting Human Rights in South Africa (1990) : « Nos droits ne nous sont pas donnés. Nous devons nous battre pour les obtenir.. Ils existent dans nos cœurs avant d'exister sur papier. Pourtant, le combat intellectuel est l'un des plus importants domaines de la lutte pour les droits. C'est au moyen de concepts que nous faisons le lien entre nos rêves et les gestes de notre vie quotidienne. [Traduction] »